Bilan prometteur

2018-2024: le programme Urbayiti fait son 1er bilan

Le programme Urbayiti, de par ses nombreuses initiatives et réalisations, démontre son engagement à améliorer les conditions de vie des habitants et à renforcer les capacités institutionnelles pour un développement urbain durable en Haïti.

Lancé en 2018 par le gouvernement haïtien, il s’agit du programme le plus ambitieux en matière d’urbanisme.

Financé par l'Union européenne à hauteur de 53,6 millions d’euros et soutenu par l’Agence française d’expertise technique internationale (Expertise France) ainsi que l'Agence Espagnole pour la Coopération Internationale au Développement (AECID), Urbayiti mène 13 projets urbains depuis 6 ans.

Ces projets répondent aux réalités locales tout en prenant en compte des enjeux internationaux tels que le dérèglement climatique et les risques naturels comme les séismes.

Infrastructures urbaines et réduction des risques

Entre 2018 et 2024, le programme Urbayiti a travaillé pour réduire les risques liés aux catastrophes naturelles dans une vingtaine de quartiers dans les trois principales villes du programme (Port-au-Prince, les Cayes et Jérémie). Les travaux financés incluent le curage des ravines, la construction de caniveaux et de canaux de drainage avec garde-corps en maçonnerie, la protection des berges, ainsi que la construction ou la réhabilitation de voiries, de places publiques et de terrains de jeux.

De plus, des travaux d’amélioration de l’éclairage public dans les rues des trois mêmes villes ont été effectués (en tout 248 lampadaires ont été installés). 

« L’Union européenne s’est engagée à travers le programme Urbayiti à appuyer les institutions nationales et locales dans leur volonté de renforcer et d’adapter la gestion des villes haïtiennes confrontées à de nombreux défis dans un contexte de croissance urbaine non contrôlée et de réchauffement climatique de plus en plus impactant. Les problèmes sont multiples : transports, gestion des déchets, infrastructures publiques, protection de l’environnement, logement…etc. L’Union européenne et ses partenaires ont choisi de faire porter leurs efforts d’une part sur la base, c’est-à-dire la connaissance de l’urbain et le développement d’outils d’aide à la prise de décision tels que les PAEEV. D’autre part, de financer des aménagements urbains à différentes échelles allant d’équipements communautaires et communaux jusqu’à des opérations de plus grandes envergures. Déjà de nombreuses réalisations ont été menées à bien depuis 2018 aux Cayes et à Jérémie. D’autres plus importantes, en matière d’infrastructures marchandes, d’EPA et de gestion des eaux pluviales par exemple, sont attendues dans les deux ans à venir dans ces deux villes mais aussi à Dame-Marie et Beaumont. » Jean Briday, Attaché de coopération - Chargé de programmes Infrastructures & Développement Urbain - Délégation de l’Union européenne en Haïti

Ces infrastructures ont significativement amélioré la mobilité, la circulation et l'accessibilité, tout en réduisant les risques d'inondation. Elles facilitent également l'évacuation des habitants en cas de catastrophes naturelles, mais aussi favorisent l’embellissement des quartiers et participent à l’amélioration de leur cadre de vie. Un investissement supplémentaire a été validé pour la construction de :

1.Bâtiments administratifs pour les mairies des Cayes et de Jérémie ;

2.Marchés du Centre urbain de Jérémie et Relais II des Cayes ;

3.Aménagement du littoral de Jérémie ;

4.Voirie et Réseaux Divers du Pôle administratif de Beaumont ;

5.Réalisation d’infrastructures de drainage à Dame-Marie.

Modernisation des institutions

Le programme Urbayiti a également renforcé les capacités des institutions haïtiennes grâce à une enveloppe de 24,6 millions d’euros. Cet effort repose sur deux piliers : le développement des compétences et la distribution de matériels.

Pour moderniser les institutions de la fonction publique, l’administration fiscale et les services de planification urbaine, des programmes de modernisation communale et d’amélioration des finances publiques ont été mis en place pour des institutions telles que le MTPTC, le MICT et les collectivités territoriales.

« Dans le cadre d’Urbayiti, le personnel technique de la Direction des Travaux Publics et de ses trois services ont bénéficié de séances de formation en utilisation du logiciel Autocad, des séances de formation en utilisation de matériels pour le contrôle de qualité des constructions. La Direction des Travaux Publics et ses trois services ont aussi reçu des matériels informatiques qui sont actuellement en utilisation.» Charles Hygin Raymond, Directeur des travaux publics du MTPTC

Environ 3000 cadres des ministères, fonctionnaires des mairies, acteurs de la société civile et jeunes ont reçu des formations dans divers domaines tels que la construction parasismique, l'entrepreneuriat, la gestion des déchets et des espaces publics. Selon les besoins, ils ont également bénéficié de plusieurs lots de matériels et d’équipements de travaux publics pour aider les agents municipaux à réaliser des services de maintenance et d’entretien dans les espaces publics.

Actualisation des Politiques Publiques

Un processus d’actualisation des politiques publiques d’aménagement des espaces a été initié pour définir les meilleures stratégies de planification et de gestion des villes.

1.  Cinq plans d'urbanisme appelés PAEEV (Plan d’Aménagement d’Extension et d’Embellissement de la Ville) ont été élaborés avec l’appui technique d'Expertise France pour structurer et guider le développement urbain des communes et aider les élus locaux à contrôler l’expansion et le développement de leur territoire au bénéfice de leurs habitants ;

2.  Le CIAT a lancé le processus sur l'élaboration d'une politique nationale de la ville (PNV) qui doit définir les grandes lignes directives pour le développement durable du territoire national haïtien.

La première étape de ce processus correspond à la définition d’un agenda urbain, qui est la feuille de route qui doit permettre aux collectivités de se réapproprier des territoires, en définissant des normes et des principes pour la planification, la construction, le développement, et la gestion des zones urbaines. Actuellement, le CIAT est en cours de révision de la dernière version de l'agenda urbain, qui sera validée avant la fin de l’année 2024.

L’Agenda Urbain est principalement « une étape vers la formulation d’une politique urbaine nationale » (CIAT, 2023). Il est déterminant d’orienter l’action de l’Etat et de mobiliser la société autour des questions clés du développement urbain en Haïti. Qu’il s’agisse des quartiers précaires, des bourgs et des villes de différentes tailles, des agglomérations, des communautés urbaines, des métropoles, ou encore des régions urbaines du pays, le sujet sera posé incluant le milieu rural dont l’influence est déterminante sur la politique urbaine à travers la question de la maîtrise de l’urbanisation. L’Agenda Urbain constitue aussi « une feuille de route stratégique » (ONU, 2023) pour l’Etat et les acteurs haïtiens, qui peuvent l’utiliser comme référence afin de mieux articuler entre eux les politiques générales, la politique d’aménagement du territoire, la politique urbaine, la planification du développement régional et urbain et la gestion urbaine. L’Agenda Urbain trouvera aussi son utilité pour une meilleure coordination des interventions multiples d’acteurs internes et externes de ce secteur.

En définitive, l’Agenda Urbain permettra d’articuler le court et le long terme, identifiant des axes stratégiques, ciblant des mesures politiques et techniques permettant d’engager ensuite des programmes d’action et des projets : à court terme, avec l’identification et la coordination des actions et des projets à mener ; et à  long terme, avec la définition d’une stratégie et des principes directeurs, donnant du sens aux projets actuels en les inscrivant dans une logique visant à « faire prévaloir le bien commun et favoriser la répartition de la richesse générée » (ONU, 2023). Un processus itérativement évolutif, participatif et surtout consensuel à travers différents forums urbains et ateliers a permis d’aboutir à une vision commune des villes haïtiennes de demain, au cours desquels les acteurs de l’urbain se sont accordés sur les orientations stratégiques de développement des villes haïtiennes, prémices d’une politique urbaine nationale bâtie à partir de l’Agenda Urbain.

L’Agenda Urbain est aussi conçu pour recueillir l’approbation de toutes les parties prenantes afin d’assurer la plus grande légitimité possible à travers une élaboration concertée et portée au plus haut niveau de l’appareil institutionnel. La politique Urbaine Nationale qui découlerait de l’Agenda Urbain relancera un processus pragmatique de reconstitution d’une gouvernance urbaine stable et effective, mais aussi juste et inclusive, dont le but premier est d’améliorer les conditions de vie de tous les haïtiennes et haïtiens vers un développement durable-résilient aux menaces naturelles et anthropiques.

Voir tout le bilan chiffré du programme Urbayiti dans son intégralité ici :

https://www.youtube.com/watch?v=tz6w4j52OR0

Projet de Consolidation de la Filière de Construction TCLA en Haïti

Le 19 mai 2021, l’ONG CRAterre, en partenariat avec l’organisation de l’église d’Allemagne « Misereor Ihr Hilfswerk », et avec le soutien financier de la Délégation de l'Union européenne en Haïti, avait lancé officiellement un projet « consolider et développer la filière de construction TCLA (Techniques de constructions locales améliorées) » au bénéfice des populations les plus vulnérables de Port-au-Prince et des Cayes.

L’approche TCLA est une démarche holistique qui se base sur l’étude des cultures constructives locales pour valoriser leurs aspects singuliers et identitaires les plus positifs, et concevoir le projet de construction le plus pertinent possible dans un contexte spécifique. Les Cultures Constructives Locales (CCL) sont particulièrement intéressantes dans le cadre de projets de (re)construction, du fait qu’elles s’appuient sur :

·les savoirs et savoir-faire existants et maîtrisés localement (économie locale, reproductibilité, entretien);

·l’adaptation de l’habitat aux moyens des ménages, à leurs besoins et modes de vie;

·l’usage rationnel des ressources disponibles localement en réponse aux contraintes environnementales et climatiques.

Cet événement, marqué par un atelier de trois jours à l'Université Quisqueya, a réuni des représentants de la Mairie de Port-au-Prince et du Bureau de l'Ordonnateur National du FED.

En marge de cet atelier, une exposition et un vernissage sur l’émergence et la technique TCLA ont été offerts au grand public jusqu’au 21 mai. L'entrée était libre et les organisateurs ont encouragé vivement la population à venir en nombre pour découvrir ces méthodes de construction innovantes et adaptées au contexte local.

CRAterre avait démarré ce projet dans un contexte particulier. Deux mois après le séisme de magnitude 7.2 qui a frappé la péninsule Sud d’Haïti le 14 août 2021, l'ONG s’est alors mobilisée pour évaluer la situation de l’habitat dans les zones affectées. Une équipe de travail a visité les communes de Maniche, La Roche-au-Pont, Camp-Perrin, des Cayes et de Roche-à-Bateau pendant 10 jours, afin d’évaluer les pertes et les destructions des maisons et bâtiments. Cette enquête a également permis de réaliser un diagnostic des pratiques locales en matière de construction, révélant les dynamiques et variétés des méthodes utilisées.

« Avec ce tremblement de terre, nous nous rendons compte de la vulnérabilité de nos maisons ; mais grâce à nos maçons et aux matériaux trouvés localement, nous avons déjà pu commencer à réparer nos maisons » explique alors Christian Belinga chef du projet.

Ces informations vont ensuite enrichir les réflexions du Consortium TCLA+, dont la mission est de formuler des réponses adéquates et durables pour l'habitat et la préservation de l’environnement dans les communautés vulnérables.

CRAterre a organisé plusieurs sessions de formation pour les professionnels de la construction, incluant des ateliers théoriques et pratiques sur les matériaux et techniques locaux, ainsi que des expérimentations avec des fibres naturelles et des liants végétaux.

Maisons Démonstratrices aux Cayes

CRAterre collabore aussi avec ses partenaires pour concevoir des maisons résilientes dans la commune des Cayes. Les futurs bâtiments, construits selon les techniques TCLA+, répondent aux normes parasismiques et anticycloniques. Les futurs propriétaires ont activement participé à la conception des plans de construction, permettant d’ajuster les maquettes en fonction de leurs besoins. Trois familles en situation précaire bénéficient déjà de ces nouveaux logements de 45 m², dont les chantiers débuteront dans une zone autorisée par le PAEEV de la ville. Les maisons démonstratrices TCLA sont maintenant achevées, offrant des logements confortables, adaptés aux besoins des familles, équipés de sanitaires intérieurs et d’éclairage par panneau solaire.

Ce projet a pris fin au dernier trimestre 2023, mais marque une étape significative vers l’amélioration des conditions de vie des populations vulnérables en Haïti, en renforçant la résilience et la durabilité de leurs habitats grâce à des techniques de construction locales améliorées.

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