Pourquoi l’urbanisme doit-être au cœur du développement en Haïti ?

L’évolution urbaine en Haïti comporte deux aspects : démographique et spatial. La croissance de la population urbaine est estimée à 133 000 nouveaux citadins par année. Depuis 1950, c’est plus de 57% de la population qui s’est déplacée vers les villes. Au fil du temps, cette migration a causé la précarisation de certaines zones à risques et favorisé les constructions incontrôlées sur les terres cultivables à un rythme inquiétant. D’ici 2050, certains observateurs prévoient que le pays comptera 16 millions d’habitants. L’ampleur de la croissance urbaine à venir est un enjeu de taille pour Haïti. 

Les villes haïtiennes se trouvent ainsi dans une phase critique de leur évolution. Fragilisées par les cyclones, séismes et autres phénomènes climatiques aux conséquences désastreuses, elles concentrent les symptômes de la pauvreté urbaine : insalubrité, problèmes de transport, manque d’infrastructures et autres besoins essentiels insatisfaits. La priorité doit donc aller au développement urbain durable. 

Le programme Urbayiti lancé par l’Etat haïtien en 2019 et financé par l’Union européenne, co-financé par Expertise France et la coopération espagnole, regroupe un ensemble de 13 projets pour appuyer les collectivités locales et le gouvernement haïtien dans la définition d’orientations stratégiques claires, dans l’élaboration de politiques foncières, de normes et de règles de constructions réalistes afin que le développement urbain participe enfin à cette croissance économique tant espérée pour le pays. Il semble crucial de partir à présent sur de nouvelles fondations répondant aux besoins actuels et futurs, non seulement de la capitale, mais aussi d’autres villes clefs dans l’organisation du territoire.